Un «artiste-robot» du nom de JW Broken Veteran s’est hissé au même rang que Taylor Swift dans le top 100 hebdomadaire de la plateforme ces derniers jours. Ses morceaux à vocation politique prônent notamment la « suppression des centres d’accueil de migrants ».
L’IA et ses dérives continuent de faire la une de l’actualité. Aux Pays-Bas, la presse pointe du doigt, ces derniers jours, les inquiétants classements d’écoutes de Spotify. Un dénommé JW Broken Veteran est parvenu à se hisser dans les premières places du top 100 hebdomadaire de la plateforme de streaming musical, se retrouvant « au coude à coude avec de grands noms comme Taylor Swift », assène, visiblement courroucé, l’écrivain néerlandais Geertjan de Vugt dans le Süddeutsche Zeitung.
Et si cette statistique pose problème, c’est parce que cet artiste anonyme, entièrement généré par intelligence artificielle tient un discours « d’extrême droite et pétri de racisme », dénonce l’écrivain hollandais, ancien chercheur en littérature à l’université du Wisconsin. « JW Broken Veteran s’est hissé dans le top 100 des titres les plus écoutés aux Pays-Bas avec un chant contestataire intitulé Wij zeggen nee, nee, nee, tegen een AZC (On dit non, non, non aux centres d’accueil de demandeurs d’asile, NDLR) », s’indigne de Vugt.
Discours « d’extrême droite »
Dans la discographie de l’artiste robotisé, qui compte à ce jour plus de 500 000 auditeurs mensuels sur la plateforme, se trouvent d’autres morceaux aux titres « sans équivoque », comme le remarque aussi le Courrier International, qui s’est saisi de l’affaire. Parmi eux : Rendez-moi mon pays, Je suis d’extrême droite, L’échec migratoire ou Demandeurs d’asile : chaos et misère. Les pochettes - ou les images - accompagnant ces musiques sont truffées de drapeaux néerlandais, de masques tricolores ou encore de symboles militaires appelant à la révolution.
JW Broken Veteran - Wij zeggen nee, nee, nee, tegen een AZC (2025)
Selon Geertjan de Vugt , le morceau Wij zeggen nee, nee, nee, tegen een AZC a cumulé « plus de 1,5 million d’écoutes sur la plateforme depuis sa publication le 9 octobre ». Sur Spotify, il n’est indiqué « 389 000 écoutes », une minoration statistique qui sous-entendrait la gêne de Spotify devant le succès relatif de ces productions artificielles pour le moins engagées.
L’attirance pour l’artificieux JW Broken Veteran n’est peut-être pas due qu’à des motifs idéologiques. S’appuyant sur les miracles de la technologie, le (ou les) petit malin qui se cache derrière ce nom d’artiste parvient à reproduire les sonorités les plus plébiscitées par le public. Il joue sur l’éclectisme musical, allant de la pop au rap, en passant par la techno et les chansons populaires. « Les mélodies semblent familières, et la voix aussi », remarque l’écrivain auprès de la presse néerlandaise.
Un trop-plein d’artistes-robots
Aujourd’hui, plusieurs morceaux de JW Broken Veteran ont été retirés de la plateforme. Cela ne serait pas une conséquence d’une action de Spotify, mais une décision personnelle de l’artiste, visé par de nombreuses menaces depuis le mois de décembre. Cela questionne toutefois la capacité du site de streaming musical à garder l’œil sur les contenus qui sont publiés. Le géant suédois a déjà fait les titres des journaux à la mi-novembre, lorsqu’un artiste country 100 % généré par l’IA s’est retrouvé au sommet des classements de vente. La même chose est arrivée en juillet avec un groupe de rock qui cumulait plus d’un million d’auditeurs mensuels.
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La chanteuse Xania Monet, également façonnée de toutes pièces par la technologie, a enregistré plus de 3,2 millions de streams sur un de ses morceaux en octobre, entraînant sa signature dans le label américain Hallwood Medias pour un montant record de plus de trois millions de dollars. Quelques semaines après ces événements, Spotify a décidé de faire le ménage, supprimant plus de 75 millions de morceaux indésirables. Difficile toutefois de quantifier le nombre exact de chansons générées par IA et publiées chaque jour sur l’application. À titre de comparaison, le concurrent Deezer a estimé cette donnée à plus de 40 000 titres publiés par jour, soit 34 % de son catalogue.

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