Le Saint-Siège a publié les résultats des travaux d’une commission lancée en 2020 par François qui doute de la pertinence d’opter pour l’ordination de femmes diacres.
Passer la publicité Passer la publicitéLa perspective de l’ordination de femmes au diaconat dans l’Église s’éloigne comme jamais. Le Vatican a publié, jeudi, l’avis négatif d’une commission d’études composée de théologiennes et de théologiens qui ont voté à 7 contre 1 pour «l’exclusion de la possibilité» d’ordonner des femmes diacres. Ce qui n’est pas un «jugement définitif» car ils ont aussi recommandé la poursuite de l’enquête ecclésiale en vue de « la création de nouveaux ministères pour favoriser la synergie entre les hommes et les femmes» assure le Vatican. Ce qui n’aura rien à voir, a priori, avec le statut clérical actuel qui permet d’ordonner, diacres permanents, des hommes mariés. Le site officiel, Vatican News titre en effet : «Non au diaconat féminin, même si le jugement n’est pas définitif».
Le document est accompagné d’une note du cardinal Giuseppe Petrocchi en charge de cette réflexion qui rappelle que la «décision définitive» appartiendra au seul «magistère de l’Église», donc au pape. Mais François comme Léon XIV, ne se sont jamais déclarés en faveur du diaconat féminin. À deux reprises, en 2020 et en 2024, le pape argentin a exprimé ses réserves publiques sur une telle évolution. Dans une interview accordée cet été à Elise Ann Allen, journaliste américaine en vue d’un livre biographique publié en France (Editions du Rocher-Artège) Léon XIV déclare qu’il n’a pas «l’intention de modifier l’enseignement de l’Église sur ce point», du moins « pour le moment». Et ce, pour deux raisons : Le diaconat permanent pour les hommes n’existe même pas dans certains pays quant au diaconat féminin, il risquerait de «cléricaliser» les femmes.
Si Jean-Paul II avait affirmé en 1994, l’impossibilité définitive d’ordonner des femmes prêtres avec une «ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes», le pape François, soumis à de fortes pressions internes, avait institué cette commission en 2020 pour étudier l’histoire de l’Église et de la théologie sur les «diaconesses», l’autre nom des femmes diacres. Elle faisait suite à l’échec d’une première commission également lancée par le pape argentin en 2016 qui s’était divisée sur le sujet sans parvenir à des conclusions claires.
Transparence inédite
C’est en revanche la première fois, hors synodes, que l’Église catholique publie les résultats du travail d’une commission interne avec le détail des votes sur chacun des points débattus. Une transparence qui est à mettre au crédit du pape Léon XIV et de sa méthode de gestion des affaires du Vatican limitant les déclarations médiatiques et favorisant les décisions claires et précises. Le pape américain est un canoniste de formation, c’est-à-dire un juriste spécialiste du droit de l’Église catholique.
Plusieurs groupes en faveur de l’ordination de femmes diacres ou prêtres ont déjà fait part de leur déception. Le mouvement allemand «Nous sommes l’Église» estime «discutable» cette décision «sur le plan théologique, anthropologique et pastoral». Quant à l’association américaine «Women’s Ordination Conference» qui avait mené un lobbying intense pour l’ordination des femmes prêtres lors du synode sur la synodalité en octobre 2024 au Vatican, elle considère cette annonce comme « théologiquement infondée», elle parle même d’une «insulte profonde» pour les femmes.
Si le Vatican prépare ainsi les esprits au refus d’une «ordination» en bonne et due forme des femmes au diaconat, il tient - c’est une forte volonté de Léon XIV - à ouvrir une autre porte, moins cléricale, non calquée sur l’ordination diaconale des hommes, qui serait un statut institutionnel attribuant une «reconnaissance ecclésiale adéquate» dit l’étude, pour les centaines de milliers de femmes qui œuvrent activement dans les paroisses et les diocèses du monde entier.

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