Érosion du littoral : vos photos peuvent nourrir la science

« Les citoyens sont la clé de la réussite », assure Antoine Deburghgraeve, ingénieur des risques côtiers auprès du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Deux nouveaux postes « CoastSnap » ont été installés sur la plage de l’Embellie, à La Tremblade, et de la Grande Côte à Saint-Palais-sur-Mer. Ces dispositifs participatifs permettent de suivre le recul du trait de côte en s’appuyant sur les promeneurs de passage. « Points de vue fixes » sur le littoral, ces bornes permettent de prendre des photos avec un même angle et un même panorama, toute l’année. Il suffit de poser son smartphone à l’endroit indiqué (et à l’horizontale) avant d’appuyer sur le déclencheur.

Pour renseigner des algorithmes

Accumulées, ces images offriront à terme une bande de données inestimables pour étudier l’érosion marine. La plage de l’Embellie – pour ne citer qu’elle – a reculé de plus de 300 mètres en deux décennies. Le poste « CoastSnap » déployé sur cette plage permettra de documenter le phénomène en s’appuyant directement sur les citoyens. Président de la CARA, l’agglomération de Royan particulièrement exposée au recul du trait de côte, Vincent Barraud salue la « vertu pédagogique » de ce projet : « Comprendre un phénomène permet de mieux l’appréhender. »

Exemple de « science participative », le dispositif « CoastSnap » est apparu à Sydney (Australie) en 2017. Il a fait depuis bien des émules, de l’Angleterre au Brésil en passant par les États-Unis et le Mozambique. En Nouvelle-Aquitaine, les premières bornes ont été testées dès 2021. La région en comptabilise désormais huit réparties sur toute la façade Atlantique – et dix dès l’an prochain. Selon Antoine Deburghgraeve, « deux à trois images » par poste d’observation sont adressées chaque semaine à l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine qui coordonne ce projet.

La démarche est simplissime : il suffit de prendre une photo et de l’envoyer par courriel, ou en flashant un QR Code. Ces clichés citoyens, souligne l’ingénieur du BRGM, nourriront des algorithmes pour modéliser le recul du trait de côte, des variations du niveau de la plage ou encore de la végétation.