Eurovision 2026 : boycott, participation d’Israël… 5 minutes pour comprendre la polémique

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« Incompatibilité », « pertes humaines effroyables à Gaza »… Les annonces de pays boycottant l’Eurovision 2026 s’enchaînent depuis jeudi soir. La décision d’« une large majorité » des membres de l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER) de ne pas exclure Israël de la prochaine édition a mis le feu aux poudres.

Plusieurs diffuseurs européens ont immédiatement annoncé qu’ils ne participeraient pas à l’édition 2026, qui se déroulera à Vienne (Autriche) en mai prochain.

Quels sont les pays qui boycottent ?

L’Espagne - qui fait partie du « Big 5 » avec l’Allemagne, l’Italie, la France, le Royaume-Uni qualifié d’office pour la finale -, mais aussi l’Irlande, les Pays-Bas et la Slovénie ont annoncé, dans la foulée de la décision de l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), qu’ils n’enverraient pas de candidats pour cette édition 2026, en raison notamment de la situation à Gaza.

« La situation à Gaza, malgré le cessez-le-feu et l’approbation du processus de paix, ainsi que l’utilisation du concours à des fins politiques par Israël, rendent de plus en plus difficile le maintien de l’Eurovision en tant qu’événement culturel neutre », a réagi dans un communiqué de presse, le secrétaire général de la chaîne de télévision publique espagnole RTVE, Alfonso Morales.

À Dublin, le groupe audiovisuel public irlandais RTE a dénoncé les « pertes humaines effroyables à Gaza », tandis que le diffuseur néerlandais Avrotros a évoqué une « incompatibilité » de ses valeurs avec la participation d’Israël. « Cela fait plus d’un an que nous alertons sur le fait que nous ne pouvons pas partager la même scène qu’un représentant d’un pays responsable du génocide des Palestiniens à Gaza », avance de son côté Ksenija Horvat, directrice de TV Slovenia.

Florent Parmentier, secrétaire général du CEVIPOF et coauteur de « Géopolitique de l’Eurovision » qui paraîtra en 2026, estime qu’il s’agit d’« un signal très clair ». « Là, ce sont les représentants audiovisuels publics qui ont été amenés à voter. Très souvent, leur vote reflète la politique étrangère du pays », explique-t-il.

D’autres boycotts pourraient être annoncés dans les prochains jours, l’Islande se prononcera par exemple le 10 décembre. La Belgique, qui avait un temps indiqué y songer, a annoncé qu’elle participerait. De son côté, le directeur de l’événement Martin Green estime qu’« environ cinq pays » boycotteront l’Eurovision, portant à près de 35 le nombre de participants à la prochaine édition du concours. 2026 deviendrait l’année avec la participation la plus faible, depuis l’intégration des demi-finales en 2004.

Un concours « géopolitisé » ?

Florent Parmentier présente le concours de chant comme « politisé et géopolitisé », notamment depuis l’exclusion de la Russie en 2022 après l’invasion ukrainienne. « La doctrine de neutralité politique de l’événement a été en quelque sorte battue en brèche à ce moment-là. On a considéré, qu’en ce qui concernait la Russie, on ne pouvait pas entendre la question de la séparation de l’artiste du pays », insiste-t-il.

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Mais cette question de la « moralité » du concours préexistait déjà dans les années 1950, poursuit Florent Parmentier, dès son lancement qui s’inscrivait dans un contexte de Guerre froide. Une dizaine d’années plus tard, au Danemark, des manifestants s’étaient opposés à la participation de l’Espagne du Général Franco, ou du Portugal de Salazar. La Grèce s’était aussi retirée en 1975 pour protester contre l’intégration de la Turquie, qui avait envahi Chypre.

Quelle a été la réaction d’Israël ?

Le ministre des Affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a dit sur X avoir « honte pour ces pays ». Estimant qu’Israël - qui participe au concours depuis 1973 - « mérite d’être représenté sur toutes les scènes du monde », le président Isaac Herzog s’est félicité de la décision de l’Eurovision.

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« Je suis heureux du fait qu’Israël participera une nouvelle fois à l’Eurovision (…), et j’espère que cette compétition restera un événement qui promeut la culture, la musique, l’amitié entre les nations et la compréhension culturelle transfrontalière », écrit-il, remerciant ses « amis qui ont défendu le droit d’Israël de continuer à contribuer et à concourir à l’Eurovision ».

Et la France dans tout ça ?

La France a annoncé ce vendredi qu’elle participerait au concours. « Je me réjouis que l’Eurovision n’ait pas cédé aux pressions », écrit sur le réseau social X le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. « Jamais la France ne s’engagera dans la voie du boycott d’un peuple, de ses artistes ou de ses intellectuels » car « tout s’y oppose dans l’âme et la tradition de notre pays, celle de l’humanisme des Lumières », déclare Jean-Noël Barrot.

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