Folle Journée de Nantes : son créateur écarté après une enquête interne, les femmes prennent le pouvoir

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Il manquait quelqu’un sur la photo. Pour la première fois depuis 1995, René Martin, directeur artistique et inventeur de la Folle journée de Nantes n’était pas présent ce mardi 2 décembre lors de la traditionnelle conférence de presse dévoilant la programmation du festival de musique classique le plus populaire de France, prévu du 28 janvier au 1er février prochain à Nantes.

Après une enquête interne d’où ressortiraient des accusations par des collaboratrices d’un comportement inapproprié qu’il réfute catégoriquement, René Martin a en effet démissionné fin octobre de l’association CREA (Centre de réalisations et d’études artistiques) qu’il avait créée en 1977.

« Les principes d’exemplarité ont été bafoués »

« Les conclusions de l’audit mandaté par l’association démontrent clairement que les principes d’exemplarité, de respect des droits des salariés et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ont été bafoués », indiquait la ville de Nantes qui avait alors transmis le dossier au procureur de la République.

Il apparaît notamment que des salariées ont pu être exposées à des contenus à caractère pornographique. « La Ville de Nantes ne transige et ne transigera jamais sur ces principes, rappelait Johanna Rolland, maire de la ville. En conséquence, la collectivité a décidé de cesser immédiatement toute collaboration avec René Martin ».

Mais malgré l’absence du créateur, l’ambition reste intacte : 140 000 billets vont être mis en vente en ligne ou aux guichets de la Cité des Congrès le 13 décembre.

Une édition « Fleuves », puisque c’est le thème de cette année. La musique qui, au long de cinq siècles, s’inspire du Danube qui n’est pas forcément bleu, du Rhin et de sa Lorelei, du Mississippi, lieu de naissance du Gospel mais aussi des fleuves mythiques comme le Styx, symbol du passage vers le royaume de morts. Cette thématique, c’est René Martin qui l’avait annoncée, comme tous les ans à la toute fin de la dernière édition. Mais ce n’est donc pas lui qui l’a mis sur pied.

Un trio féminin pour programmer 300 concerts

Le nom de l’inventeur de ce festival incroyablement populaire n’aura même pas été prononcé ce mardi lors de la présentation ou chaque partenaire a été salué à la hauteur de son engagement. C’était un peu l’éléphant dans la pièce. Quatre hommes sagement alignés ont salué le travail effectué « en trois semaines, là où il faut d’habitude plusieurs mois » par le trio féminin qui a effectué la programmation des 300 concerts.

« Elles », ses collaboratrices, ont pris la relève de René Martin, assurant une forme de « continuité » ce qui a permis de « révéler leurs compétences ». Est-ce que certains artistes parmi les signataires d’une tribune de soutien à René Martin rassemblant quelque 190 noms ont pu refuser de venir après la mise à l’écart du maître ? Les organisateurs bottent en touche, invitant à ne pas à « aller chercher de complexité » et en insistant sur le fait que « tous les artistes sont les bienvenus ».

Les salariés du Crea ont aussi été rassurés : l’association sera à la manœuvre encore l’année prochaine et au moins jusqu’en 2027. Le navire qui affronte cette année les remous ne coulera pas avec son capitaine. « Tant que nous sommes tous rassemblés, la Folle journée continuera de nombreuses années, veut croire Aymeric Seasseau, adjoint à la culture à la mairie de Nantes. Nous avançons vers l’avenir avec enthousiasme ».

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