C’était l’une de ses promesses de campagne emblématiques : planter 4 « forêts urbaines » à Paris. Alors que le mandat d’Anne Hidalgo touche bientôt à sa fin, la dernière commence à prendre racine place du Colonel Fabien, à la lisière des Xe et XIXe arrondissements.
Ce vendredi matin, la maire socialiste de la capitale a mis quelques pelletées de terre symboliques pour planter l’un des 79 nouveaux arbres, qui s’apprêtent à vivre sur cet ancien rond-point, désormais semi-piétonnisé. Des chênes de Bourgogne, des amélanchiers, des ormes de Sibérie ou encore des charmes communs, qui viennent rejoindre les 41 platanes déjà présents.
Des arbres aux chances de survie limitées ?
« Dans une ville dense très minérale, il fallait apporter des arbres et des grands arbres, insiste l’élue. Ce principe de forêts urbaines vient plutôt de Tokyo (Japon), avec l’idée de créer des îlots verts de proximité dans les quartiers qui m’a beaucoup inspirée. »
Une tentative de recréer l’écosystème d’une forêt dans un environnement urbain qui serait, d’après la maire, désormais « utilisée dans toutes les capitales du monde ». « Nous avons été visionnaires à Paris », se félicite Anne Hidalgo, qui y voit, entre autres, un outil « pour adapter la ville au dérèglement climatique ». En été, la mairie assure même qu’il pourrait y avoir jusqu’à 4 degrés de différence entre le cœur de la « forêt » et ses abords.

Reste les nombreuses critiques de ce concept, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. À commencer par l’appellation de « forêts urbaines », jugées « mensongères » par certains. Dans l’opposition et chez plusieurs spécialistes, on s’inquiète aussi de la survie de ces arbres, dont les chances de reprise ont tendance à diminuer plus ils sont plantés vieux.
Ceux de la place du Colonel Fabien ont entre 10 et 30 ans pour les plus âgés. « Ils s’adaptent très bien, ils sont travaillés en pépinières pour être transplantés, veut rassurer Christophe Rosa, le directeur du service des espaces verts et de l’environnement à la Ville de Paris. Il y a toujours un peu de pertes mais le moins possible, voire pas du tout. »
Une forêt à 6,7 millions d’euros
Au printemps 2024, la première « forêt urbaine » avait vu le jour place de Catalogne (XIVe) avec 478 arbres plantés, sur un rond-point semi-piétonnisé. Une autre de 150 arbres a également poussé en juin dernier sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
Initialement, deux projets avaient aussi été envisagés place de l’Opéra (IXe) et place Henri Fresnay (XIIe), à deux pas de la gare de Lyon. Des plantations finalement abandonnées, à cause de contraintes techniques.
Deux autres sites ont été trouvés en remplacement : le bois de Charonne (XXe) et ses 2 000 arbres, inauguré au printemps dernier le long de la petite ceinture, et la place du Colonel Fabien. Une quatrième « forêt urbaine » à 6,7 millions d’euros, qui devrait être achevée d’ici le printemps, avec la reconfiguration des cheminements cyclistes et piétons sur l’ensemble de la place.
Reste à savoir si le chantier sera terminé avant les élections municipales de mars prochain. Le cas échéant, Anne Hidalgo - qui n’est pas candidate à un troisième mandat - devra sans doute laisser à son successeur le soin de couper le ruban rouge.












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