« On était dans le noir » : à Paris, l’avenue de la Grande-Armée lance à son tour ses illuminations pour les fêtes

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L’avenue de la Grande-Armée (XVIe, XVIIe) sort de l’ombre. Ce jeudi soir, l’artère longue de 800 m a inauguré ses illuminations de Noël. « Il y en a eu dans les années 1980, 1990. Au XXIe siècle, c’est une première », se réjouit Gaulvine de Vaucelles, présidente de l’association des commerçants de l’avenue. « C’est une avenue un peu sombre, habituellement. Nous sommes dans l’axe majeur de Paris, mais nous étions dans le noir. »

Alors que l’avenue voisine des Champs-Élysées (VIIIe) scintille sur 2 km, que l’Arc de Triomphe et la porte Maillot, récemment métamorphosée, sont éclairés, l’avenue de la Grande-Armée restait plongée dans la pénombre. « Quand vous quittez les Tuileries, vous êtes sur les Champs illuminés, c’est magnifique, l’Arc de Triomphe est éclairé, la porte Maillot et les avenues de Neuilly (Hauts-de-Seine) également. Il est important pour nous de ne plus être dans l’ombre », insiste la commerçante.

Attirer les promeneurs

Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de redynamiser le quartier. « Nous essayons de créer des synergies, une vie de village », explique Jérémy Redler, maire (LR) du XVIe arrondissement. « Nous avons lancé le Comité Grande-Armée (en 2022), l’idée est de faire de cette avenue un axe important de nos arrondissements et pas une autoroute. » Elle a d’ailleurs fait l’objet d’une étude récente avec des ambitions de transformation à l’horizon 2030. Et une logique qui s’étend progressivement : la rue Passy, l’avenue Victor-Hugo, l’avenue Kléber s’illuminent également dans l’Ouest parisien.

« C’est une artère atypique et historique qui a rencontré un succès fou au début du XXe siècle avec l’ancien parc d’attractions (Luna Park) ainsi que l’entrée du bois de Boulogne », rappelle Gaulvine de Vaucelles. Aujourd’hui, sa physionomie commerciale reflète son histoire : un tiers des enseignes sont spécialisées dans la mobilité (vente de scooters, vélos, plaques d’immatriculation). Un deuxième tiers se compose de restaurants, et le reste d’activités diverses : pharmacies, vêtements, banques…

Mais l’avenue fait face à un contexte particulier : « Le secteur du deux-roues connaît un bouleversement, le stationnement payant a engendré un grand coup de frein de l’activité », remarque la présidente des commerçants. Les illuminations peuvent alors influer sur la fréquentation de l’avenue. « On voit ailleurs, dès qu’il y a des illuminations, les gens s’arrêtent, se promènent volontiers », observe-t-elle.

« Renforcer l’image de Paris Ville Lumière »

Si l’avenue de la Grande-Armée fait ses premiers pas dans la féerie de Noël, d’autres artères parisiennes ont depuis longtemps compris l’enjeu économique et symbolique des illuminations. Le boulevard Haussmann (IXe) incarne cette réussite. « Un quartier emblématique, l’avenue commerçante la plus importante d’Europe », résume Alexandre Liot, président du Comité Haussmann et directeur général adjoint des Galeries Lafayette.

« Ce sont trois fois plus de visiteurs qu’à la tour Eiffel et au Louvre qui se rendent sur le boulevard chaque année, souligne Delphine Bürkli, maire (Horizons) du IXe arrondissement. Entre 200 000 et 300 000 personnes le week-end entre Opéra et Saint-Lazare. » Un afflux massif de visiteurs, parisiens, franciliens et internationaux, séduits par la magie des vitrines animées des grands magasins - Printemps et les Galeries Lafayette, « les vaisseaux amiraux » - et les illuminations du boulevard.

Paris, 2025. Les vitrines des grands magasins, boulevard Haussmann (IXe) attirent chaque année de nombreux visiteurs lors des fêtes de fin d'année. LP/Delphine Goldsztejn

Paris, 2025. Les vitrines des grands magasins, boulevard Haussmann (IXe) attirent chaque année de nombreux visiteurs lors des fêtes de fin d'année. LP/Delphine Goldsztejn

« Paris est une ville monde, la porte d’entrée pour nos visiteurs internationaux. Il est important de renforcer cette image, de Paris Ville Lumière », explique Alexandre Liot. Le Comité Haussmann, via les cotisations de ses adhérents, investit chaque année dans l’installation d’illuminations et de sapins géants. Cette année, un second sapin a fait son apparition. « Être un axe connu ne suffit plus, la première chose est d’offrir de la magie, un spectacle gratuit aux visiteurs », insiste Alexandre Liot.

Ces moments festifs revêtent une dimension populaire. « L’animation des vitrines (depuis plus de 130 ans) de ses grands magasins à Noël et les illuminations sont un moment fort », rappelle l’édile locale. « Les enfants sur les épaules des parents s’émerveillent devant les vitrines. Nous avons besoin de ces moments de fraternité et de partage. »

Pas de « compétition » entre avenues

Si ces différents acteurs réfutent toute idée de « compétition », la course à la magie de Noël s’intensifie d’année en année dans la capitale. D’ailleurs, la Ville de Paris subventionne 82 organismes pour la réalisation d’illuminations pendant les fêtes de cette fin d’année 2025, pour une enveloppe totale qui s’élève à un peu plus d’un demi-million d’euros.

Mi-novembre, le Comité Champs-Élysées a lancé ses traditionnelles illuminations devant près de 200 000 spectateurs, en présence de Léa Seydoux et Charlotte Cardin. Un spectacle son et lumière imaginé par Thierry Reboul, Thomas Dechandon et Victor Le Masne, les mêmes qui étaient à la manœuvre de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024.

Paris (VIIIe), le 16 novembre. La chanteuse Charlotte Cardin est montée sur scène lors du lancement des illuminations de fin d'année sur l'avenue des Champs-Élysées. LP/Fred Dugit

Paris (VIIIe), le 16 novembre. La chanteuse Charlotte Cardin est montée sur scène lors du lancement des illuminations de fin d'année sur l'avenue des Champs-Élysées. LP/Fred Dugit

Quelques jours plus tard, le Comité du Faubourg Saint-Honoré accueillait un flashmob géant orchestré par l’artiste Julien Cohen : 100 musiciens, 150 techniciens, 50 caméras, et une artère entièrement piétonnisée de la place de la Concorde à la Madeleine, rue Royale (VIIIe). Une performance qui cumule près de 500 millions de vues rien que sur le réseau social TikTok…

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