Smartphone et cancer : « Pas de lien mis en avant », selon l’Anses après l’analyse de 250 études scientifiques

il y a 21 hour 2

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime que la littérature scientifique internationale est plutôt rassurante sur l’absence de lien entre exposition aux ondes radiofréquences et apparition de cancers. Mais rappelle cependant certaines règles de précaution élémentaires.

La question est aussi ancienne que l’utilisation du téléphone portable : les ondes qu’il émet sont-elles dangereuses pour notre santé ? La littérature scientifique sur cette question est pléthorique. À un tel point que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a décidé d’éplucher l’ensemble des études publiées depuis une dizaine d’années afin de remettre à jour ses précédentes expertises datant de 2013 pour les adultes et de 2016 pour les enfants. Et le rapport qu’elle publie ce mercredi au sujet des effets des ondes radiofréquences sur le risque de cancer est finalement plutôt rassurant.

« Nous nous sommes intéressés à l’ensemble des sources de radiofréquences et plus particulièrement celles qui sont émises par les téléphones portables car 98 % de la population de plus de 12 ans possèdent aujourd’hui un mobile dont 91 % un smartphone, indique Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques de l’Anses. Nous avons décidé de nous focaliser sur les risques de cancer pour lequel un millier de nouvelles études ont été publiées depuis nos dernières expertises. »

En pratique, il y a trois types d’études parmi les 250 retenues par l’agence pour étayer sa nouvelle expertise : des observations en laboratoire sur l’effet des ondes sur des cellules, des études sur des animaux et enfin des enquêtes épidémiologiques sur des très grandes cohortes de population, principalement en Europe.

Des travaux difficiles à mettre en place chez l’animal

« Dans les études sur les cellules, on a vu quelques signaux suggérant un mécanisme en lien avec le cancer qui serait provoqué par les ondes sauf que les résultats n’étaient pas du tout cohérents entre eux », précise Olivier Merckel.

Chez l’animal, les travaux sont rares car ils sont très compliqués à mettre en place. En pratique, il faudrait exposer un rat de laboratoire pendant toute sa vie, qui dure en moyenne deux ans, aux ondes d’un téléphone portable pour voir si celles-ci produisent un effet sur son organisme.

Les études épidémiologiques sont beaucoup plus intéressantes pour tirer des conclusions. Et notamment l’étude internationale Cosmos à laquelle participent près de 40 000 Français. Les volontaires décrivent régulièrement par questionnaire leur habitude d’utilisation de leur smartphone, ce qui permet de faire un lien éventuel avec l’apparition de maladies.

« Cette étude a déjà donné des résultats très intéressants dans d’autres pays européens, note l’expert de l’Anses. Au regard de toutes études épidémiologiques dont nous disposons, on peut dire qu’elles sont relativement rassurantes : elles ne mettent pas en avant de lien entre l’exposition au téléphone mobile et l’apparition de cancers. »

Prudence avec les enfants

Cette conclusion ne peut cependant pas être définitive, notamment parce que les cancers peuvent mettre parfois des dizaines d’années à se former dans l’organisme humain. D’où la recommandation de l’Anses de poursuivre la recherche et de l’élargir à d’autres champs comme le risque des ondes sur la fertilité.

L’Anses invite également à garder les bonnes habitudes de tenir le téléphone à distance de la tête quand on est en communication grâce au haut-parleur ou à des écouteurs filaires ou non. « La situation la plus exposante c’est quand on passe un appel, rappelle Olivier Merckel. C’est en particulier avec les enfants qu’il faut être prudent car ils sont en plein développement. » Les émissions d’ondes sont, en revanche, minimes, quand le téléphone n’est pas en utilisation. On peut donc le garder dans sa poche ou le poser sur sa table de chevet pendant son sommeil.

Lire l’article en entier