«Supprimer les feux rouges, les lignes blanches, les panneaux» : Louis Sarkozy veut des routes sans signalisation pour responsabiliser les automobilistes

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L’idée peut surprendre. Mais elle s’inscrit dans un courant existant, celui des naked roads (les routes nues, NDLR) , inventé par l’ingénieur néerlandais Hans Monderman.

L’idée peut surprendre. Mais elle s’inscrit dans un courant existant, celui des naked roads (les routes nues, NDLR) , inventé par l’ingénieur néerlandais Hans Monderman. JULIEN DE ROSA / AFP

Face aux comportements à risque révélés par la nouvelle étude de VINCI Autoroutes, le fils de l’ancien président, lui-même engagé en politique, avance une solution inattendue : retirer la signalisation pour responsabiliser les usagers.

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Voilà une proposition qui pourrait donner le tournis aux auto-écoles françaises... Ce mercredi 3 décembre, la Fondation VINCI Autoroutes a publié la 5e édition de son étude européenne sur le partage de la route. Menée auprès de 12.000 Européens - dont 2.400 Français - elle rappelle que près d’un mort sur deux sur la voie publique est un usager vulnérable (piéton, cycliste ou deux-roues motorisés). Surtout, l’enquête met en lumière des comportements parfois très éloignés des règles du code de la route : 58% des automobilistes français ne mettent pas leur clignotant, 40% des cyclistes reconnaissent passer au feu rouge et 70% des piétons traversent malgré le signal rouge.

C’est dans ce contexte que Louis Sarkozy - intervenant régulièrement depuis un studio improvisé chez lui à Menton - a livré ce mercredi sur RMC un édito particulièrement tranchant, présenté comme une réponse directe aux constats de VINCI Autoroutes. «La solution ici, comme ailleurs, c’est plus et pas moins de liberté. Ce qui tue les automobilistes, c’est l’assistanat», affirme-t-il d’emblée. Pour lui, la jungle des panneaux, feux et marquages au sol serait devenue contre-productive. «Je plaide pour une immense simplification de nos routes : supprimer les feux rouges, les lignes blanches, les panneaux de signalisation. En bref : rendre le citoyen responsable de sa propre conduite, au lieu qu’il la délègue intégralement au code de la route.»

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L’idée peut surprendre. Mais elle s’inscrit dans un courant existant, celui des naked roads (NDLR : les routes nues) , inventé par l’ingénieur néerlandais Hans Monderman. Louis Sarkozy rappelle que ce concept s’appuie sur un constat simple : la peur des autres usagers peut renforcer l’attention et la prudence. «Regardez l’enquête [de Vinci Autoroutes] : 95 % des usagers de la route ont peur du comportement des autres. Les routes nues utilisent précisément cette peur.» Selon lui, en l’absence de signalisation, chacun serait amené à ralentir, à observer et à anticiper davantage. « Quand il n’y a ni trottoir, ni feux rouges, ni lignes blanches, tout le monde fait davantage attention, les citoyens se responsabilisent, et s’installe alors ce que les chercheurs appellent “une négociation implicite entre les usagers”. Ils deviennent 2 à 3 fois plus prudents.»

Louis Sarkozy cite plusieurs expériences menées à l’étranger : «À Drachten, aux Pays-Bas, on a constaté une réduction de 40 % des accidents de la route.» Et même Londres s’y serait essayé, affirme-t-il : «Sur Kensington High Street, la simplification de la signalisation a mené une baisse de 44 % des accidents en trois ans.»

Le principe repose sur une philosophie presque inverse à celle des métropoles françaises. «Quand vous responsabilisez les gens, ils deviennent naturellement plus lents, plus attentifs et plus généreux entre eux. » Un modèle qui, selon lui, tranche violemment avec la gestion administrative actuelle. «C’est exactement l’inverse de l’autoritarisme bureaucratique parisien : on augmente la liberté et on observe une amélioration du comportement.» Le fils de l’ancien président concède toutefois une limite : «Il semblerait que le seul véritable problème de ces “naked roads”, c’est qu’elles fonctionnent moins bien pour les personnes âgées et les personnes malvoyantes, mais c’est à peu près tout.»

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