Réaliser un inventaire des crayères champenoises grâce aux nouvelles technologies d’imagerie 3D, c’est l’objectif du projet scientifique Cellars, porté par la mission Coteaux, maisons et caves de Champagne de l’Unesco avec l’unité de recherche en géosciences Gegena (groupe d’étude sur les géomatériaux et environnements anthropisés).
Une première collecte a permis de réunir 45 000 euros lors d’un dîner caritatif en novembre dernier. Les fonds ont été versés à l’université de Reims Champagne Ardenne pour permettre l’acquisition d’un scanner laser portatif. Ce dernier va permettre de cartographier les cavités grâce, notamment, à la technologie Lidar, à partir de février 2026. L’occasion aussi de dévoiler au plus grand nombre ce patrimoine invisible et inaccessible en dehors des visites organisées par les maisons et vignerons de Champagne.
« Grâce à cet outil, on va pouvoir se balader dans les caves, un peu comme à Lascaux où on fait des visites virtuelles, on verra toute la géométrie des caves », détaille Gilles Fronteau, directeur du Gegena. À terme, l’idée n’est pas d’interdire l’accès aux caves et crayères de Champagne, mais justement de transmettre plus largement ce patrimoine.
Une quarantaine de caves d’ici 2030
Précurseur, le groupe MHCS (filiale de LVMH, comme « Le Parisien » - « Aujourd’hui en France ») a déjà mis à disposition du groupe d’étude ses propres numérisations des caves de Veuve-Clicquot à Moët & Chandon ou encore Ruinart, réalisées par le bureau d’études IGECAV. « C’est une restitution en 3D, avec des images impressionnantes, car on a la texture des murs à l’image. Il y a même une reconstitution avec les différents niveaux de caves en lien avec la surface », apprécie l’enseignant-chercheur.

Autre volet du projet : la mise en place de capteurs dans certaines caves afin d’analyser les impacts du dérèglement climatique avec des pluies et des sécheresses plus fortes. Quel impact les épisodes extrêmes ont-ils sur les caves qui sont constituées de craie ? Le géologue va également tenter de répondre à cette question.
Quant à l’objectif global ; il est question de numériser une quarantaine de caves en 5 ans. « On sait qu’on ne pourra pas tout numériser, mais on ira chercher des exemples type de caves ou crayères dans toute l’appellation. La Champagne compte plus de 500 km de caves, c’est plus grand que les pyramides d’Égypte en termes de volume », glisse Séverine Couvreur, présidente de la mission Unesco.
Visites numériques
L’occasion donc de révéler au grand public ce trésor inestimable : ces cathédrales invisibles qui constituent l’âme de la Champagne. La mission Unesco met aussi en avant l’enjeu de médiation et de transmission. « On veut mieux connaître ces souterrains pour mieux les protéger. Et continuer de les montrer, continuer d’y travailler, d’y stocker des bouteilles », poursuit Séverine Couvreur.
À plus long terme, une plate-forme accessible au grand public sera lancée. Un outil interactif qui permettra de localiser caves et crayères sur une carte, sorte de Google Earth « version souterrain champenois ». De quoi mettre le modèle type de crayère à portée de clic.
« Ça restera un outil avec des localisations approximatives, pour sécuriser les vignerons et les maisons de champagne. Mais on pourra se promener sur la carte et voir aussi à quoi ressemble l’intérieur d’une crayère. On pourra manipuler les différents modèles numériques 3D et s’approprier ce patrimoine unique », explique Gilles Fronteau.












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