Ces conclusions étaient attendues. Un peu plus de deux ans après le lancement de la procédure d’étude d’impact selon l’approche équilibrée (EIAE) à l’aéroport Toulouse-Blagnac, le préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne, Pierre-André Durand, a rendu ses conclusions en milieu de semaine dernière. Dans le scénario retenu « équilibré et efficace » destiné à « sanctuariser le cœur de nuit », on notera l’interdiction des décollages programmés entre 23 heures et 6 heures et celle des atterrissages entre 23h30 et 6 heures.
Selon la préfecture, en prenant comme base la programmation des vols en 2024, ces mesures conduiraient à la suppression de 441 vols à l’arrivée et de 297 vols au départ de Toulouse-Blagnac. Pierre-André Durand, qui a « souhaité agir avec détermination afin de concilier les impératifs de protection et de développement, dans un territoire attaché à la fois à̀ la qualité de vie de ses habitants et au rayonnement de son industrie aéronautique », a par ailleurs annoncé la suppression, d’ici à fin 2028, du vol opéré par Chronopost en milieu de nuit, ce qui équivaut à retirer 240 vols supplémentaires en cœur de nuit en 2029.
Le vol Chronopost supprimé, « une victoire »
Pour Chantal Beer-Demander, du Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT), le résultat est mitigé. « La suppression du vol Chronopost de 2h45 est une grande victoire. Cela fait 15 ans que l’on travaillait dessus. C’est à mettre au crédit de la préfecture », reconnaît-elle. Malgré tout, le scénario retenu est selon elle dicté par le lobby aérien, qui a « guidé l’étude d’impact afin de ne pas trop pénaliser le développement de l’économie locale ». Contactée, la CCI de Toulouse, actionnaire de l’aéroport, n’a pas réagi à ces annonces.
Chantal Beer-Demander rappelle que ce sont 50 000 personnes qui sont concernées chaque nuit par ces nuisances et souligne que l’interdiction de la programmation ne signifie pas l’interdiction des vols. « Pour les vols basculants, qui ont pris du retard, ce sera toujours possible. » Elle se satisfait toutefois de cette première avancée, qui acte que l’on ne « peut plus faire n’importe quoi à l’aéroport Toulouse-Blagnac ». Contactée, la direction de la plateforme, qui a pris acte des décisions prises par le préfet lors de la réunion, n’a pas souhaité commenter plus largement le scénario retenu. Pour rappel, quelques semaines après le lancement de l’étude d’impact, le conseil départemental de Haute-Garonne et les élus métropolitains avaient affirmé leur volonté d’interdire les vols commerciaux en cœur de nuit, preuve que le sujet était devenu sensible.
Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a d’ailleurs réagi, saluant l’accord et assurant que « cette position rejoint d’équilibre que je souhaitais entre la quiétude à laquelle tous les Toulousains ont droit et les activités économiques en lien avec l’aéroport ». Le préfet de Haute-Garonne a enfin déclaré que l’Observatoire cœur de nuit, créé en 2011, sera remplacé par un Comité de surveillance du trafic en cœur de nuit, qui se réunira chaque trimestre. « C’est un peu du name and shame », explique Chantal Beer-Demander, qui qualifie cela de « petit plus ».












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