Exclu. "Je déteste…" : Ce rapport très particulier qu'entretient Antoine de Caunes avec la télé et son image

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INTERVIEW - Riche en invités prestigieux, la série documentaire Antoine de Caunes : la vie rêvée d'un enfant du rock, diffusée dès ce mercredi 3 décembre 2025 à 21h10 sur Canal+, revisite le parcours hors-norme d'Antoine de Caunes, l'animateur touche-à-tout et figure incontournable du PAF.

Il a fait les grandes heures de Canal+. À tout juste 72 ans, Antoine de Caunes est une icône de la petite lucarne et du divertissement français. Une carrière aussi immense que singulière, commencée en tant que passeur de culture rock sur Antenne 2 il y a plus de quarante ans, et retracée en quatre volets (dont les deux premiers sont diffusés ce soir) dans Antoine de Caunes : la vie rêvée d'un enfant du rock, diffusé dès ce mercredi 3 décembre 2025 à 21h10 sur Canal+, une série documentaire drôle et décalée, comme le personnage. Interrogé notamment par Iggy Pop, l'animateur revient sur les moments forts de sa vie, entre confidences et archives savoureuses, à l'image de l'émission Nulle part ailleurs et de son duo inoubliable formé avec José Garcia. Des séquences qui vous rappelleront bien des souvenirs... et des fous rires !

"Si l'on fait un documentaire sur vous, c'est que vous êtes plus proche de la sortie que de l'entrée", s'amuse Antoine de Caunes

Télé-Loisirs : Le titre de la série documentaire évoque "vie rêvée d'un enfant du rock". Comment définiriez-vous ce "rêve" ?
Antoine de Caunes :
Je passe mon temps à rêver. Au moment où je vous parle, je suis en train de rêver d'une série que j'espère tourner d'ici deux-trois ans. C'est un projet un peu mégalo, ambitieux et cher, mais on parle de rêve. C'est un peu pompeux dit comme cela mais j'ai besoin de ces rêves comme stimuli intellectuels et créatifs !

D'où vient l'idée de cette série documentaire ?
J'ai travaillé il y a deux ans avec l'auteur et réalisateur Bernard de Choisy sur un documentaire à propos d'Albert Uderzo. Il m'avait demandé d'être le narrateur et j'avais pris beaucoup de plaisir à collaborer avec lui. Et à force de se fréquenter, il m'a dit que je devais faire l'objet d'un documentaire, car il y a une histoire à raconter autour de moi. Son idée était de parler d'une époque à travers ces quarante ans de carrière. Et vu sous cet angle-là, cela me semblait moins présomptueux d'un seul coup, car je suis toujours sensible au côté vaniteux.

Après la BD sur votre père (Il déserte - Georges ou la vie sauvage éd. Dargaud), la diffusion d'une série documentaire sur votre parcours… 2025 est l'année du bilan pour vous ?
Non pas du tout ! Alors évidemment, si l'on vous consacre un documentaire, c'est que vous êtes plus proche de la sortie que de l'entrée (rires) puisque c'est une espèce de bilan rétrospectif. Mais je vois ce projet comme une étape. Et j'espère avoir l'énergie de pouvoir ajouter un cinquième chapitre aux quatre qui viennent d'être écrits.

Le programme revisite vos débuts à la télévision, de Chorus à Nulle Part Ailleurs. Est-ce une période qui vous manque ?
Non, ça ne manque pas du tout. Je vis pour demain, mais ça ne me dérange pas qu'on m'en reparle. De toute façon, même si ça me dérangeait, on m'en reparlerait quand même (rires). En tout cas, moi qui déteste me regarder, j'ai été servi avec toutes ces images qui ont fait remonter énormément de souvenirs, essentiellement des bons, mais aussi des mauvais !

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur ces années ?
Ce que j'ai fait, je l'ai fait du mieux que j'ai pu, que ce soit dans les succès comme dans les échecs. Mais à chaque fois, j'y ai mis tout ce que je pouvais.

"La télévision ne m'a jamais intéressé"

En revisitant votre carrière, comment percevez-vous l'évolution de la télévision entre vos débuts et aujourd'hui ?
On a changé d'époque et de paradigme. Internet et les réseaux sociaux sont arrivés entre-temps donc on n'est plus du tout dans les mêmes mondes. Mais la nostalgie ne fait pas partie de mon vocabulaire et je suis farouchement opposé au "c'était mieux avant". Certes, on est dans un monde un peu moins insouciant que les années 1980, mais je pense qu'on peut toujours s'amuser autant de nos jours. Seulement, les outils sont différents. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si j'avais 20 ans, j'irais directement à la case YouTube où il y a une liberté absolue où on peut tester à loisir.

Regardez-vous encore la télévision ?
La télévision ne m'intéresse pas vraiment, comme elle ne m'a jamais vraiment intéressé. Je n'ai pas démarré avec Chorus pour mon amour irraisonné du petit écran, mais pour proposer une alternative à toute la grosse télé dominante de l'époque, qui était tenue en main par les Carpentier, Guy Lux, Drucker et qui proposaient toujours une seule et même musique, qui était la bonne grosse variété française en négligeant totalement tout ce qui se passait ailleurs, et tout ce qui était porté par la génération à laquelle j'appartenais. Une génération qui a vu débarquer le rock.

Dans la série documentaire, vous parlez aussi de Georges de Caunes, votre père, mort en 2004…
Oui. Ce n'était pas un père très facile. Mais je pense avoir hérité d'une partie de son sens de l'humour, de son refus assez catégorique de toute forme d'esprit de sérieux. Et puis, ce goût de l'aventure qu’il appliquait à la lettre, en allant au bout du monde. Moi, mes aventures, c'est écrire, faire du cinéma et présenter des émissions…

A-t-elle eu un impact sur votre rôle de père ?
Évidemment ! J'essaie de ne pas reproduire ce dont j'ai pu souffrir moi avec mon propre père. On essaye tous de rectifier un peu le tir. Mais en même temps en vieillissant, je me rends compte qu'on hérite quand même tous des fondamentaux… Difficile d'en échapper ! Mais bon j'ai toujours essayé d'être un père ouvert, tolérant et qui fait semblant d'aimer le rap avec son fils (rires).

Antoine de Caunes est-il prêt pour la retraite ?

Vous racontez avoir traversé une dépression après l'arrêt du Grand Journal. Qu'est-ce qui vous a permis de vous sortir de cette période difficile ?
Des consultations, un bon psy, et puis des petites pilules qui font sourire et qui vous redonnent confiance en la vie... Blague à part, j'en ai parlé très simplement et très librement parce que c'est un sujet comme un autre. Il y a tellement de gens qui sont touchés et pour qui c'est une espèce de croix à porter, impossible à partager. Plus on en parle, plus on dédramatise le sujet.

En septembre 2025 vous avez reçu un TL Award d'honneur de la part de la rédaction de Télé-Loisirs...
J'ai failli me blesser en rentrant avec à la maison ! Non, plus sérieusement je remercie, avec un peu de retard, vos lecteurs.

Envisagez-vous la retraite ?
Non, jamais ! Je pensais l'approcher quand j'ai fait le film sur Napoléon (rires). Ce n'est pas un métier où on s'arrête. Je gagne ma vie avec et je m'amuse. C'est un privilège exorbitant dans ce bas monde. Et je suis sans arrêt stimulé par des choses que j'ai envie de faire. Vous n'avez pas fini avec moi !

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