Œuvre artistique à part entière ou publicité déguisée comme le dénoncent certains ? L’installation « Stranger Lights », hommage à la série culte de Netflix « Stranger Things » dont l’ultime saison est en cours de diffusion, sera particulièrement scrutée ce vendredi 5 décembre alors que débute, pour quatre jours, la Fête des Lumières à Lyon.
Réalisée par l’artiste Stéphane Durand, un habitué de l’événement, et présentée par les organisateurs « comme un portail qui s’ouvre entre les mondes », proposant aux visiteurs de revivre en immersion totale les moments iconiques de la série, elle sera dévoilée sur la place Sathonay en Presqu’île.
La plateforme a investi 152 000 euros
Sur le papier, cette création pourrait tout à fait avoir sa place à la Fête des Lumières, si elle n’était pas financée par Netflix et faisait la promotion de sa série phare du moment… La plateforme américaine de vidéo en ligne - dont le nom en lettres rouges ne figurera pas sur l’œuvre - a investi 152 000 euros dans cette installation lumineuse.
De l’argent impossible à refuser pour la ville de Lyon, dans un contexte d’austérité budgétaire (le budget est de 3,4 millions cette année, en baisse de 400 000 euros), qui a dû se résoudre à réduire le nombre d’œuvres présentées (23 contre 32 l’an dernier) réparties dans vingt lieux seulement. L’argent frais de partenaires privés, dont Netflix, arrive donc à point nommé.
Critiqués, la ville de Lyon et son maire de Grégory Doucet jurent qu’il s’agit d’une action de mécénat. Ce dont doutent fortement ses détracteurs qui fustigent une action de sponsoring contraire à l’esprit de la Fête des Lumières.
Une opération mécénat qui n’est pas une première
« L’espace public ne doit pas être un espace publicitaire ou alors il faudrait que Netflix paye très cher » estime l’ancienne adjointe à la culture Nathalie Perrin-Gilbert, aujourd’hui dans l’opposition et candidate aux élections municipales.
Dans l’histoire de la Fête des Lumières, l’opération mécénat du géant américain n’est pourtant pas une première. En 2017, une projection lumineuse interactive s’inspirant du célèbre jeu vidéo des eighties Pac-Man - financée par l’éditeur Bandaï Namco dont le siège Europe est à Lyon - s’était invitée sur une façade d’immeuble, sans susciter une telle controverse.
Le contexte politique actuel n’est sans doute pas étranger aux vives critiques visant l’événement. Les Lyonnais, qui sont très attachés à leur Fête des Lumières, n’ont également pas apprécié que la place Bellecour soit privée d’œuvre cette année. Mais toutes ces petites querelles seront vite oubliées vendredi si les premières impressions visuelles sont à la hauteur des attentes.
2 millions de visiteurs l’an dernier
Car l’événement n’a jamais été aussi populaire : l’an dernier, plus de deux millions de visiteurs sont venus déambuler à Lyon à l’occasion des festivités du 8 décembre. Un record !
Cette année, les animations pourraient toutefois être perturbées par plusieurs mouvements sociaux. Un préavis a en effet été déposé par les sapeurs-pompiers, qui relancent une grève à l’appel du syndicat Sud, après celle infructueuse de l’an dernier. Ils réclament toujours des effectifs supplémentaires et promettent des actions en soirée.
« Cette grève ne devrait toutefois pas mettre en péril la sécurité de la Fête des Lumières » qui mobilise chaque année 120 soldats du feu, précisent la métropole et le Sdis Rhône. Dans le même temps, un préavis a été déposé par les policiers municipaux à l’initiative du syndicat FO ville de Lyon, les agents du Centre communal d’action sociale (CCAS) et les agents de surveillance de voie publique (ASVP). Cyril Michaud












English (US) ·