Etats-Unis. Une enquête interne conclut que le secrétaire à la Défense américain Pete Hegseth a mis en péril des opérations militaires en utilisant Signal pour évoquer des frappes au Yémen.
Publié le 04/12/2025 à 09:44

Dans une conversation Signal, Pete Hegseth avait dévoilé l'heure de frappes américaines au Yémen quelques heures avant qu'elles n'aient lieu, mais aussi des informations sur les équipements militaires employés.
afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS
Un organe indépendant au sein du Pentagone a estimé que le ministre américain de la Défense Pete Hegseth avait mis ses propres troupes en danger en utilisant en mars dernier l’application de messagerie Signal pour discuter de frappes au Yémen, ont rapporté mercredi 3 décembre les médias américains. Les Etats-Unis avaient mené une campagne militaire début 2025 contre les rebelles houthis au nom de la protection de la liberté de navigation et du commerce international transitant par la mer Rouge.
Pete Hegseth n’est pas le seul à se voir reprocher l’usage de Signal : l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, avait été écarté début mai, après les révélations d’un journaliste du magazine The Atlantic, ajouté par mégarde à un groupe de discussion sur Signal portant sur ces frappes.
Cette fois, l’enquête menée par un organisme indépendant au sein du ministère de la Défense a conclu que Pete Hegseth, inclus dans ce groupe de discussion, a mis l’armée en danger, selon les médias américains. La conversation contenait des messages dans lesquels Pete Hegseth dévoile l’heure des frappes quelques heures avant qu’elles n’aient lieu, mais aussi des informations sur les équipements militaires employés.
"L’affaire est close"
Une préoccupation majeure, selon les enquêteurs, est que si les détails de l’attaque à venir avaient été divulgués ou piratés à partir de l’application commerciale, qui n’est pas conçue pour transmettre des informations classifiées, les Houthis auraient pu savoir quand s’attendre à ce que les pilotes américains soient dans les airs, et leur tirer dessus. Le représentant Adam Smith, démocrate de haut rang au sein du Comité des services armés de la Chambre, a accusé dans un communiqué : "La façon dont Pete Hegseth a choisi de communiquer ces informations a mis les militaires en danger".
Pourtant, le porte-parole de Pete Hegseth a annoncé sur X que "les conclusions de l’enquête constituent "une exonération TOTALE" du ministre. Elle "démontre ce que nous savions depuis le début : aucune information classée secret n’a été partagée", a ajouté Sean Parnell, assurant que "l’affaire est close".
De fait, comme le précise la chaîne américaine ABC News, si le rapport de l’inspecteur général du ministère de la Défense a conclu que les informations partagées par Pete Hegseth avaient initialement été classifiées, il reconnaît également que "même si le partage d’informations aussi sensibles était potentiellement risqué, le secrétaire à la Défense a droit à certains pouvoirs de déclassification en vertu de la loi". Des sources ont donc déclaré au média américain que "bien que Hegseth ait violé les protocoles de sa propre agence, il n’a pas enfreint la loi".
Le Pentagone déjà sous le feu des critiques
Ces révélations surviennent au moment où le chef du Pentagone est déjà dans la tourmente médiatique, en raison de frappes menées par l’armée américaine dans le Pacifique mais surtout les Caraïbes, dans le cadre d’une campagne dite de lutte contre le narcotrafic, sans que des preuves n’aient été fournies sur des liens entre les bateaux visés et les cartels de drogue. L’administration du président Trump est critiquée pour ces frappes, dont la légalité est mise en doute par les experts. Au cœur de la récente polémique : une opération au cours de laquelle les forces américaines ont lancé une seconde salve contre un navire déjà touché, tuant des survivants. Au total, plus de 80 personnes ont été tuées dans cette campagne militaire.
Au Yémen, les frappes américaines ont cessé en mai, après un accord entre les Etats-Unis et les rebelles Houthis. Ces derniers avaient mené plusieurs opérations en mer Rouge contre des navires liés selon eux à Israël, ainsi qu’à ses plus proches alliés comme les Etats-Unis, disant ainsi soutenir les Palestiniens de Gaza, bombardés et assiégés par Israël après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.

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