RENCONTRE - Le groupe, double disque de platine en 2015, a construit un projet pédagogique à destination des professeurs et des élèves francophones autour de son morceau Je rentre à la Maison. Plus d’un millier d’enseignants ont déjà joué le jeu.
« C’est ici chez moi et je rentre à la maison/Je n’oublie pas d’où je viens et je rentre à la maison ». Ces paroles marqueront, peut-être, toute une génération d’écoliers... Suivant les pas d’un Aldebert qui, dès la fin des années 2010, dédiait ses disques au monde éducatif, Boulevard des Airs sort en cette fin d’année le morceau Je rentre à la maison, référence au « refuge dans lequel s’enferment origines, visages, odeurs, paysages, langues et drapeaux », défend Florent Dasque, cofondateur du groupe, au Figaro.
Il y a dix ans de cela, le collectif aux influences pop, chanson française et électro, né dans une cour de récréation, partageait son troisième album studio Bruxelles, aujourd’hui certifié disque de platine par le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). Depuis, leur succès a franchi les portes des écoles, où leurs textes sont repris par les élèves à la même manière que ceux de Queen, Aznavour et Brel. « Nos œuvres sont accueillies, et depuis des années, dans les classes, les foyers thérapeutiques ou encore les hôpitaux », se réjouit Florent Dasque, issu d’une famille de professeurs.
Un projet pédagogique d’ampleur nationale
En septembre, frustré de « ne pas pouvoir consacrer assez de temps » à ces élèves qui font vivre son œuvre, Boulevard des Airs a entrepris un « projet culturel et pédagogique national », supervisé, mais pas subventionné, par le ministère de l’Éducation. Des échanges avec un comité d’experts, composé de chercheurs, d’enseignants, de formateurs et d’inspecteurs - auquel se sont ajoutées des discussions avec Emmanuel Macron et la Première dame - ont conduit à la réalisation de nombreux supports pluridisciplinaires destinés à tous les cycles scolaires, de la maternelle au lycée.
Boulevard des Airs - Je rentre à la maison (2025)
Ces supports sont présentés sous la forme de fiches, accessibles gratuitement depuis le site internet du groupe. « Elles remplacent une partie du programme des professeurs, détaille Florent Dasque. Elles ne leur donnent pas de travail supplémentaire. Les élèves valident leurs compétences en étudiant notre chanson Je rentre à la maison, qui peut être déclinée en des questions sociétales ou philosophiques. » Les fiches ont été rédigées pour un grand panel de matières, allant du français aux langues vivantes, en passant par l’histoire, la philosophie ou les sciences économiques et sociales. Toutes sont également adaptées pour les étudiants en situation de handicap.
Plus d’un millier de participants
Florent Dasque assure avoir été sollicité par plus d’un millier de professeurs, dans toute la francophonie, depuis le lancement du projet. « Il n’y a pas d’inscription, donc nous ne savons pas réellement combien d’enseignants y participent réellement », ajoute-t-il, suggérant qu’ils sont probablement beaucoup plus. Parmi eux, Lizon Petetin, enseignante au niveau CE2/CM1 à l’école Joliot-Curie de Montfermeil. Elle fut une des premières à s’approprier le projet, il y a deux mois. Tous les lundis, la jeune professeure utilise les fiches de Boulevard des Airs pour son cours d’Éducation morale et civique, dans lequel elle aborde la thématique du harcèlement scolaire. Avec ses élèves, elle a imaginé un « mur des insultes » et « quatorze portes symboliques ».
C’est ludique. Les élèves aiment beaucoup. Ils chantent tous ensemble la chanson le midi et ça crée, inconsciemment, une cohésion dans l’école
Lizon Petetin, enseignante au collège Joliot-Curie de MontfermeilLa professeure est également parvenue à fédérer l’ensemble de l’établissement scolaire. En fin d’année, les treize classes restitueront leurs œuvres, qu’elles soient musicales, cinématographiques ou artistiques, au travers d’une exposition dans le hall d’entrée de l’école. « Ce projet présente une solution plus efficace pour sensibiliser la jeunesse, nous explique-t-elle. C’est ludique. Les élèves aiment beaucoup. Ils chantent tous ensemble la chanson le midi et ça crée, inconsciemment, une cohésion dans l’école. » La classe de Lizon a eu la chance de rencontrer le groupe il y a quelques semaines. Gabriel Attal, ancien Premier ministre et ministre de l’Éducation nationale, suivrait de très près le projet et pourrait se rendre à son tour dans l’établissement.
L’exemple de l’école de Montfermeil confirme la volonté initiale de Florent Dasque : rendre les programmes scolaires plus attrayants. « J’étais à leur place il y a encore quelques années, explique le musicien. Je sais que les actions sur le terrain, c’est rare, mais qu’elles motivent toute une classe. Quand tu as un fil conducteur et un objectif à atteindre toute l’année, tu t’intéresses davantage aux cours ».
Rendez-vous à L’Olympia
Les classes participantes ont jusqu’au mois de décembre pour restituer l’ensemble des travaux. Boulevard des Airs fera ensuite, jusqu’à la fin du mois de janvier, le tour des établissements sélectionnés. Les élèves espèrent surtout pouvoir se rendre, le 18 mars, à L’Olympia, où le groupe donnera un concert devant plus de 2000 personnes. Le « meilleur projet » sera alors présenté sur scène. « Ce sera peut-être des chanteurs, ou bien une classe d’art plastique, du slam, de la danse, imagine Florent Dasque. Nous aimerions mettre en valeur toutes les disciplines. »
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Les musiciens y défendront leur sixième album studio, sorti le 17 octobre, qui, à l’inverse du single Je rentre à la maison, se veut plus classique. « Les douze autres morceaux du disque racontent tout ce qu’il se passe dans nos vies, confie le guitariste. Nous n’avons pas réinventé les grands thèmes. Depuis la nuit des temps, tout le monde a exploré la mort, la vie, l’amour, la peur du temps qui passe, la mélancolie. »
Il marque un changement de dimension pour Boulevard des Airs, aujourd’hui devenu un « ambassadeur » du milieu éducatif. « Nous avons mis la notoriété du groupe au service de l’école et c’est une démarche, un engagement citoyen, qui donne du sens pour nous, après dix ans de carrière », explique Florent Dasque. En parallèle, le groupe annonce travailler sur un documentaire retraçant cette aventure. « L’objectif serait d’inscrire le projet sur le long terme », ponctue le musicien.

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