56 000 heures de bruit, 5 000 tonnes soulevées : la « pénibilité invisible » des métiers de la petite enfance

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Mercredi 3 décembre 2025, le Syndicat National des Professionnel·le·s de la Petite Enfance (SNPPE) alerte sur la « pénibilité invisible » des pros de la petite enfance. « Porter, s’accroupir, se pencher, bercer, ranger, nettoyer : ces gestes répétés des milliers de fois, ne sont pas considérés comme des expositions professionnelles, mais comme une posture maternelle, ce qui contribue à leur banalisation », pointe le SNPPE.

Le syndicat lance une campagne de prévention afin de mettre en avant l’usure physique et émotionnelle des professionnelles de la petite enfance. « Les critères du compte professionnel de pénibilité correspondent à des métiers plutôt d’extérieur (bâtiment etc.) et masculins. Ils ne prennent pas en compte l’usure des métiers de la petite enfance, documentée par les ergonomes et confirmée par les observations de terrain », écrit Cyrille Godfroy, co-secrétaire général du SNPPE.

Dans le cadre de sa campagne de sensibilisation, le syndicat met à disposition un livret explicatif avec des données concrètes sur la profession. Par exemple, le livret donne des informations sur le portage des enfants qui représente l’une des principales sources de pénibilité physique. Au total, une professionnelle de la petite enfance réalise en moyenne 70 manipulations d’enfants par jour assure le site des Pros de la petite enfance. « Sur une base prudente de 200 jours travaillés par an, la masse cumulée atteint 168 tonnes par an, soit plus de 5 000 tonnes au cours d’une carrière d’exposition de 30 ans ».

Parmi les autres chiffres, le livret rapporte que 1 000 000 accroupissements sont effectués tout au long d’une carrière, avec des conséquences majeures sur les genoux, le dos et les hanches. Autre point de vigilance : les professionnelles de la petite enfance sont soumises à 56 000 heures de bruit dans un environnement sonore dépassant les seuils recommandés, non reconnu comme pénible. « Cette exposition prolongée affecte non seulement l’audition mais aussi la fatigue cognitive, l’attention, la concentration et la disponibilité émotionnelle », note le livret. Au total, le métier connaît une hausse de 44 % des maladies professionnelles avec l’augmentation parmi les plus fortes de tous les secteurs féminisés.

Lombalgies et atteintes articulaires

Dans le détail, la répétition à certains gestes « augmente significativement les risques de TMS, de lombalgies, de tendinopathies et d’atteintes articulaires ». Et d’ajouter : « Pourtant, cette réalité, documentée par les ergonomes et confirmée par les observations de terrain, n’apparaît dans aucun dispositif officiel de pénibilité. »

Le livret rapporte également que les 144 000 changes sont réalisés chaque année avec une exposition quotidienne aux odeurs fortes, aux fluides biologiques, aux risques infectieux. Bien avant l’âge légal, de nombreuses personnes quittent leur métier en invalidité.

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