Bruit de vent dans l'oreille : que faire ? Quand consulter ?

il y a 1 day 3

Homme mûr en pull jaune touchant son oreille, semblant ressentir une douleur.

Avez-vous déjà eu l’impression qu’une brise s’invitait dans votre oreille… Ce bruit de vent peut surprendre, mais il est généralement bénin et passager.

L'essentiel

Résumé par l’IA, validé par la Rédaction.

Avoir la sensation qu’un vent souffle ou qu’un léger courant d’air passe dans son oreille n’est jamais agréable. Ce phénomène étrange cache en réalité des acouphènes : des sons fantômes que le cerveau crée lorsqu’une partie du système auditif fonctionne moins bien ou est en état d'hypervigilance. Faut-il s’en inquiéter ? Comment réagir ? Réponses du Dr Vincent Loche, oto-rhino-laryngologiste (ORL) au CHU de Lille.

Bruit de vent dans l’oreille : de quoi s’agit-il ?

Certaines personnes décrivent une sensation étrange : un souffle léger, comme si un petit courant d’air passait dans leur oreille… Alors que tout autour est parfaitement calme autour d’elles : pas de fenêtre ouverte, pas de ventilateur. Juste cette impression qu’un mouvement d’air passe à l’intérieur de l’oreille.

Ce phénomène se remarque surtout dans le silence, lorsque l’attention se tourne vers les bruits internes du corps. Beaucoup décrivent un son qui semble venir directement de l’oreille, et non de l’environnement. Ce bruit peut s’accompagner d’autres symptômes :

oreille bouchée ou sensation de pression interne ;
résonance de sa propre voix, comme si elle vibrait davantage d’un côté,
sensation d’entendre un peu moins bien (pour les voix faibles ou dans le bruit)

Comme nous l’explique le Dr Loche, il s’agit d’acouphènes : des sons produits par le cerveau, souvent en réaction à une légère modification du fonctionnement du système auditif, ou simplement à une hypervigilance aux bruits corporels.

Quelles sont les causes possibles d’un bruit de vent dans l’oreille ?

Ce type d’acouphène peut être occasionnel, réversible, ou au contraire durable en cas de cause sous-jacente.

Les causes ORL bénignes et fréquentes

Ce sont les situations les plus courantes. Elles peuvent entraîner un bruit de vent transitoire, lié à une obstruction ou à une inflammation de l’oreille moyenne ou du conduit auditif.

Un bouchon de cérumen. Un excès de cire peut bloquer partiellement le conduit auditif. Cela modifie la transmission des sons et peut provoquer un souffle, un bourdonnement ou une sensation d’oreille bouchée.
Une trompe d’Eustache enflammée ou bouchée (catarrhe tubaire). Lors d’un rhume, d’une allergie, d’une sinusite ou après un vol / une plongée, la trompe d’Eustache ne s’ouvre pas toujours correctement : la pression ne s’équilibre plus, le tympan reste « tendu, un peu aspiré » et un bruit de vent peut apparaître, avec une sensation d’oreille bouchée.
La présence de liquide derrière le tympan (otite séreuse ou séromuqueuse). Elle résulte des même causes que précédemment, mais avec présence de liquide dans l’oreille moyenne qui empêche le tympan de vibrer correctement. Cela donne parfois un bruit de souffle grave ou de clapotement positionnel, parfois aussi de battement cardiaque et d’oreille bouchée. On entend beaucoup moins bien et on souffre parfois d’autophonie (sensation d’entendre sa voix anormalement forte).
Une otite moyenne aiguë (virale ou bactérienne). Elle entraîne les mêmes symptômes que précédemment mais dans un contexte infectieux : rhinite , fièvre et souvent une otalgie (douleur d’oreille) au premier plan.

Les causes fonctionnelles ou liées au mode de vie

Elles sont souvent ignorées mais très fréquentes.

L’exposition à un bruit intense. Un concert à un niveau sonore élevé, l’utilisation prolongée d’écouteurs à fort volume, ou un bruit soudain et violent peuvent entraîner un acouphène transitoire, traduisant une souffrance du système auditif.
Une légère baisse de l’audition. Avec l’âge on observe fréquemment une diminution progressive de la perception des sons de tonalité aiguë : c’est la presbyacousie, elle peut passer inaperçue au début mais être en cause dans la survenue de l’acouphène.
Le stress, l’anxiété ou le manque de sommeil. Ils augmentent l’hypervigilance auditive et modifient le traitement du son dans le cerveau, favorisant l’apparition d’un bruit de souffle ou la focalisation de l’attention sur celui-ci.
Des tensions, des douleurs musculaires des muscles du cou, de la tête et de la mâchoire. Elles peuvent parfois occasionner des acouphènes plutôt à type de sifflement, souvent modulés par le mouvement (par exemple lorsque l’on serre les dents).
La prise de certains médicaments. Aspirine à forte dose, AINS, chez certaines personnes avec un effet souvent transitoire, certains rares antibiotiques, chimiothérapies… Ces traitements ppeuvent occasionner une atteinte du système auditif.

Les causes plus rares, à ne pas négliger

Plus rarement, un bruit de vent dans l’oreille peut révéler une atteinte plus profonde de l’oreille ou des structures avoisinantes. Dans ces cas, le bruit est souvent unilatéral.

• Une atteinte du nerf auditif. Il peut parfois s’agir d’une tumeur bénigne qui, en appuyant sur le nerf, peut perturber la transmission nerveuse et provoquer un acouphène unilatéral associé parfois à une baisse de l’audition ou à des vertiges.

• Un trouble vasculaire (acouphènes pulsatiles). Si les bruits semblent pulser et suivre le rythme cardiaque, ils peuvent indiquer une anomalie vasculaire, une hypertension ou une rigidification des vaisseaux…

• Une anomalie de la pression des liquides de l’oreille interne (hydrops comme dans la Maladie de Ménière). Ces pathologies s’accompagnent souvent de vertiges, de fluctuations de l’audition ou d’une sensation d’oreille pleine .

Que faire quand on a une sensation de courant d’air dans l’oreille ?

Un bruit de vent, de souffle ou de frottement dans l’oreille peut être impressionnant, mais il est le plus souvent bénin et transitoire. Respirez calmement, asseyez-vous un instant et essayez vous focaliser sur autre chose : cela permet déjà de réduire l’intensité des acouphènes.

Identifiez les situations déclenchantes

Notez si le bruit survient :

avant l’endormissement,
après un rhume ou une sinusite,
en période d’anxiété ou de fatigue,
après une séance de sport ou un effort,
lors d’un changement d’altitude (vol, tunnel, montagne).

Protégez vos oreilles pendant 48 heures

Si le bruit est apparu après une exposition sonore importante, laissez vos oreilles au repos pendant 48 heures :

évitez les bruits forts,
réduisez le volume des écouteurs,
limitez les environnements bruyants.

Cela permet à l’oreille interne de récupérer. À noter : il peut être intéressant de mettre un petit bruit de fond doux (bruit blanc, bruit de la nature …) pour masquer l’acouphène et mieux l’ignorer, propose le Dr Loche.

Prenez soin de votre trompe d’Eustache

Si vous avez le nez bouché ou sortez d’un rhume, votre trompe d’Eustache peut avoir des difficultés à s’ouvrir, créant une sensation de vent dans l’oreille. Pour l’aider à fonctionner :

hydratez-vous régulièrement,
lavez votre nez avec une solution saline en cas d’écoulement,
évitez l’atmosphère sèche (humidificateur si besoin),
évitez de trop vous moucher (préférez le mouchage doux).

N’utilisez surtout pas de coton-tige

Les cotons-tiges poussent le cérumen au fond du conduit auditif et peuvent créer ou aggraver un bouchon de cérumen… Si vous suspectez un excès de cérumen, privilégiez les lavages doux avec une petite poire après pulvérisation d’un sprays auriculaire pour le ramollir.

Apprenez à gérer votre stress

Le stress renforce l’hypervigilance auditive et amplifie les acouphènes. Quelques gestes simples peuvent aider :

des exercices de respiration,
des étirements doux,
la marche et le sport régulier,
la relaxation, la sophrologie, la méditation ou la pleine conscience.

Quels signes doivent alerter ? Quand consulter un ORL ?

Certains signes doivent pousser à consulter rapidement, car ils peuvent révéler une atteinte auditive ou vasculaire.

Consultez en urgence :

Si le bruit de vent apparaît brutalement et s’accompagne d’une baisse d’audition. Il peut s’agir d’une surdité brusque, une urgence absolue. Après examen, un traitement corticoïde peut être commencé rapidement pour maximiser les chances de récupération.
S’il survient après un choc sonore et dure plus de 24 heures. Après un concert, une soirée en boîte de nuit, l’utilisation d’un pétard ou un outil bruyant, le bruit devrait s’estomper en quelques heures. S’il persiste au-delà d’une journée : une consultation rapide avec audiogramme est préconisée avec peut être aussi un traitement corticoïde.
Si l’acouphène est pulsatile unilatéral et d’installation brutale. Dans ce cas, il suit le rythme cardiaque et peut révéler un trouble vasculaire, surtout s’il s’accompagne de maux de tête, de troubles neurologiques ou de douleur dans le cou (possiblement liée à une anomalie vasculaire aiguë).
Si l’acouphène provoque une grande détresse psychologique. « Lorsque les acouphènes deviennent insupportables, provoquent une angoisse intense, des insomnies ou des idées noires, c’est aussi une urgence médicale », souligne le Dr Loche.

Comment l’ORL fait-il le diagnostic ?

Le diagnostic commence toujours par un interrogatoire précis qui permet de comprendre l’origine probable des acouphènes :

Quand le bruit est-il apparu ?
Comment a-t-il évolué dans le temps ?
Est-il pulsatile, unilatéral, aigu ou grave ?

Dans un second temps, plusieurs examens permettent de préciser l’origine de l’acouphène :

Un examen clinique de l’oreille, pour vérifier la présence de cérumen, d’une otite ou d’un problème tympanique.
Une audiométrie, un test essentiel pour évaluer la qualité de l’audition.
Une IRM, parfois indiquée en cas d’acouphène unilatéral, atypique ou associé à une baisse d’audition.
Une acouphénométrie, qui permet aux patients de comparer différents sons pour identifier celui qui correspond le mieux à son acouphène.

Bruit de vent dans l’oreille : comment soigner ou soulager les acouphènes ?

Selon la cause des acouphènes, le médecin ou l’ORL peut proposer différentes approches :

Le port d’appareils auditifs

Si les acouphènes sont associés à une perte auditive, le port d’appareils auditifs peut être très bénéfique. En améliorant l’audition, ils réduisent le contraste entre les sons externes et les acouphènes, ce qui diminue la perception du bruit dans l’oreille et améliore le confort au quotidien.

Certains traitements médicamenteux

Dans certains cas, des médicaments peuvent être proposés, notamment pour réduire l’anxiété ou le stress,voire une dépression qui amplifient la perception des acouphènes.

Bon à savoir : à date, aucun médicament ne permet d’améliorer le fonctionnement général du système auditif et donc d’atténuer les acouphènes. Mais un effet placebo est souvent notable.

Les thérapies sonores et la rééducation auditive

La rééducation auditive, aussi appelée tinnitus retraining therapy, consiste à habituer le cerveau au bruit perçu pour qu’il devienne moins gênant. Des sons de fond, des générateurs de bruit blanc couplés aux audioprothèses, ou des applications spécialisées permettent de diminuer la perception des acouphènes, facilitant ainsi le sommeil et la concentration.

De l’importance d’une prise en charge psychologique

Les acouphènes peuvent être particulièrement stressants et affecter le bien-être quotidien. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) aident à réduire l’impact émotionnel du bruit, à mieux gérer l’anxiété et à adopter des stratégies pour vivre avec les acouphènes sans souffrance excessive.

Bon à savoir : l’application OTO, disponible sur ordonnance, propose des exercices de relaxation, des explications simples et de petites thérapies comportementales pour mieux vivre avec des acouphènse et réduire leur impact sur le quotidien.

En résumé, le bruit de vent dans l’oreille est souvent bénin, mais il ne doit pas être ignoré s’il persiste ou s’il s’accompagne d’autres symptômes, comme une baisse d’audition. Un simple examen ORL permet souvent de comprendre la cause et de rassurer. Et si l’acouphène pèse sur le moral, il existe aujourd’hui des solutions pour mieux le vivre, réduire la gêne et retrouver un quotidien plus serein.

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