Un tableau idéal. Une longue promenade, chatoyante et exotique, en pente douce pour commencer, avec, au bout de cette gentille escapade en terre australe, un pic, abrupte. Au-delà ? L’inédit, le rêve, l’inaccessible étoile. Le XV de France ne pouvait pas espérer meilleur tirage au sort que celui du Mondial 2027, en Australie (1er octobre - 13 novembre) effectué ce mercredi matin à Sydney. Même le sélectionneur n’y a pas trouvé de quoi se faire peur et survendre une adversité qui n’existe pas.
« C’est une poule abordable », a glissé Fabien Galthié lors d’une conférence de presse organisée dans la foulée dans les locaux de TF1, le diffuseur de l’épreuve. Plus qu’abordable même. Les Bleus se retrouvent donc dans la poule E en compagnie du Japon, des États-Unis et des îles Samoa.

Une équipe nippone en déclin, balayée par les Tricolores lors de la tournée d’automne 2024 (52-12), des Américains atomisés par les Écossais il y a un mois (85-0), et des Samoa ayant arraché leur qualification après un match nul contre la modeste Belgique (13-13) à la faveur d’un bonus offensif supplémentaire…
« Il faut faire attention à tout »
Difficile de voir les Bleus finir à une autre place que la première de leur poule dans une compétition regroupant pour la première fois 24 équipes et qualifiant pour les huitièmes de finale les deux premiers de chaque poule et les quatre meilleurs troisièmes.
« Ça aurait pu être pire, c’est sûr, a lâché Grégory Alldritt, le capitaine de La Rochelle et des Bleus en l’absence d’Antoine Dupont, lors de son passage face aux médias avant le début de la Coupe d’Europe, ce week-end. Maintenant, il faut faire attention à tout. Une Coupe du monde, ça se prépare à l’avance, mais il faut être bons pendant la phase de poules et monter en puissance sur la seconde partie. Il faut rester très humbles et se concentrer sur soi. »
La seconde partie… Cette phase finale qui s’était achevée beaucoup trop tôt, sur une défaite contre l’Afrique du Sud (29-28) en quarts de finale, il y a deux ans, lors du Mondial 2023, en France. À ce stade de l’épreuve dans deux ans, les Tricolores devraient croiser les Fidji qu’ils ont dominés cet automne (34-21) malgré une piètre prestation.
Et avant cela, en huitièmes de finale, nouveauté de ce format en expansion, les joueurs de Fabien Galthié devraient, selon toute vraisemblance, retrouver l’Écosse. « C’est soi-disant sur le papier plus simple d’aller en demi-finale, mais ça ne sert à rien d’y aller si c’est pour la perdre », a prévenu Grégory Alldritt.
Car le véritable défi de ce XV de France bien loti commence en demi-finales. Son adversaire sera issu d’un quart de finale qui devrait opposer l’Afrique du Sud, sacrée lors des deux dernières éditions, à la Nouvelle-Zélande, finaliste en 2023, si celle-ci finit première de sa poule devant l’Australie.
« Potentiellement, nous allons jouer contre un de ces trois-là qui représentent neuf titres de champions du monde (quatre pour les Springboks, trois pour les All Blacks, deux pour les Wallabies), a comptabilisé Fabien Galthié. C’est grandiose pour nous. » Un premier choc — mais quel choc — avant de défier en finale l’Angleterre, voire l’Irlande ou l’Argentine.
« C’est l’occasion d’être à jamais les premiers »
« Notre ambition est d’être champions du monde, a ajouté le sélectionneur. Je suis clair. Ce sera très difficile d’atteindre ce graal, mais pour nous, c’est l’occasion d’être à jamais les premiers. » Un sacre tricolore ? Enfin… car les Bleus, jusque-là, ont toujours trébuché, depuis la première édition en 1987. Trois finales (1987, 1999, 2011), trois demi-finales (1995, 2003, 2007), quatre quarts de finale (1991, 2015, 2019, 2023), le bilan n’est pas à la hauteur d’une nation aux moyens colossaux dans un sport qui ne parvient pas à élargir son élite.
Cette fois, les circonstances, tout du moins sur le papier, sont favorables. Le XV de France, qui, tout au long de son histoire, n’est jamais parvenu à aligner trois grandes performances d’affilée, condition la plupart du temps requise pour décrocher le trophée William Webb Ellis, aura besoin de livrer deux grosses batailles seulement grâce à son tirage favorable.
En outre, son adversaire en demi-finale, qu’il soit sud-africain, néo-zélandais ou australien, aura laissé des plumes dans un quart de finale de cadors et dans une phase de poules pas si simple. Alors, tapis rouge pour les Bleus ? « L’Australie c’est demain ! » s’est exclamé Galthié, impatient de laver l’affront de 2023.











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