Il n’est nul besoin de souscrire un placement dédié à la retraite pour commencer à épargner en vue de ses vieux jours. De ce point de vue, l’assurance-vie est le complément idéal au plan d’épargne retraite (PER), apportant une souplesse bienvenue alors que ce dernier est bloqué jusqu’à la fin de la vie active.
Côté assurance-vie, la flexibilité est au rendez-vous et c’est bien ce qui en fait le produit financier préféré des Français. Avec un versement initial réduit à quelques centaines d’euros dans la plupart des contrats, la possibilité de mettre en place des versements programmés personnalisables à souhait et un vaste choix de supports financiers, elle s’adapte à tous les patrimoines et à tous les profils.
Mieux : il est possible de détenir plusieurs contrats, un par objectif par exemple (un pour la retraite, un pour se constituer un apport pour un achat immobilier, un pour les études des enfants…). Ce qui permet ensuite d’adapter leur gestion en fonction de l’horizon de temps de chaque projet.
Une chose est sûre : avec la retraite en ligne de mire, il est possible de mettre une dose de risque significative dans son allocation. Voilà qui peut faire peur ? C’est pourquoi les assureurs ont développé depuis une dizaine d’années des offres de gestion dite "pilotée", aussi appelée "gestion sous mandat". Sur le papier, le principe a tout pour plaire puisqu’il s’agit de confier son épargne à des professionnels afin qu’ils la fassent fructifier. Une solution idéale pour les personnes qui n’ont ni le temps ni l’envie de suivre les marchés financiers. Les gérants adaptent l’allocation du contrat en fonction de l’évolution des conditions de marché tout en respectant le profil de risque de l’assuré. Concrètement, plusieurs profils types sont proposés — "prudent", "équilibré", "dynamique"… — avec des appellations et un nombre de crans qui peuvent légèrement varier selon les établissements.

Sur une longue durée, des performances très variables.
© / L'EXPRESS
Un court questionnaire permet d’identifier celui qui vous correspond le mieux. Ensuite, la mise en place est simple et rapide : une société partenaire de l’assureur prend la gestion de votre assurance-vie en main. Dans les faits, on est quand même loin d’une approche personnalisée : tous les clients dotés du même contrat et du même profil bénéficient exactement de la même gestion financière. Quant au suivi dans le temps, il est rarement très dynamique, le gérant se contentant de quelques arbitrages au cours de l’année. Pour être sûr de se trouver entre de bonnes mains, mieux vaut donc se montrer sélectif et passer au crible les différentes offres. Car toutes ne se valent pas.
Premier constat : la gestion pilotée produit des performances intéressantes pour les profils les plus exposés aux actions uniquement. Une analyse des résultats passés en témoigne : la valorisation de l’épargne n’est guère convaincante pour les profils trop prudents, comme le démontre Good Value for Money, site spécialisé sur les assurances de personnes et les placements financiers, qui a étudié le marché en découpant l’offre selon cinq niveaux de risque.
"En moyenne, il est plus rentable d’investir sur un fonds en euros que sur une gestion pilotée pour les profils 'prudent', 'modéré' et 'équilibré', soit les trois premiers niveaux de risque de notre étude, indique Cyrille Chartier-Kastler, son auteur. Cela tient au fait que ces gestions comportent peu de fonds actions purs et investissent souvent dans des supports lourdement chargés en frais." Ainsi, sur la période 2018-2024, les gestions prudentes ont rapporté 2,20 % par an en moyenne, les gestions modérées 1,86 %, les gestions équilibrées 2,69 %, les gestions offensives 3,79 % et les gestions audacieuses 6,16 %. "Les gestions pilotées engagées, qui misent sur l’investissement responsable ou sur une thématique environnementale, n’obtiennent pas de meilleures performances que les autres", précise Cyrille Chartier-Kastler.
Deuxième constat : il faut analyser les frais liés ces offres avant de souscrire car ils sont parfois très élevés. "Ils peuvent atteindre jusqu’à 2,5 à 3 % par an !", souligne Cyrille Chartier-Kastler. En effet, il faut comptabiliser les frais de gestion du contrat, ceux des fonds ainsi que le coût de l’option. Pour réduire la facture, regardez chez les courtiers en ligne, qui serrent la vis à tous les échelons et proposent des options de gestion pilotée moyennant un supplément de 0,10 à 0,20 % seulement. Pour réduire les tarifs, il est aussi possible de se tourner vers des gestions pilotées réalisées avec des ETF (fonds indiciels cotés).
Un cadre rassurant
Vérifiez plus largement le contenu de la gestion proposée : quelles sont les catégories d’actifs couverts (actions, obligations, immobilier…) ? Quelle diversification géographique permet-elle (Europe ou international) ? Privilégiez les offres intégrant du fonds en euros pour la part sécuritaire, plutôt que des supports monétaires ou obligataires, plus volatiles. Regardez aussi si les fonds sélectionnés proviennent tous de la société de gestion appartenant au groupe de l’assureur ou si une sélection plus pointue a été effectuée auprès de différentes maisons. "Si la liste des unités de compte utilisée est accessible en gestion libre, cela ne présente pas grand intérêt de payer pour une gestion pilotée", estime Guillaume Lucchini, fondateur du multi family-office Scala Patrimoine. Enfin, n’accordez pas une confiance aveugle au gérant chargé de la gestion pilotée. Les assureurs sélectionnent souvent des grands noms (Carmignac, DNCA Finance, Lazard Frères Gestion…), mais cela n’est pas une garantie de succès si l’univers de produits dans lesquels ils vont piocher est trop restreint.
Si déléguer la gestion de votre assurance-vie ne vous séduit pas, d’autres options assez simples permettent d’investir de façon dynamique sur les marchés, en gardant toutefois un cadre rassurant. "Il est possible d’opter pour un fonds flexible de la société de gestion chargé de la gestion pilotée, car il adopte souvent une gestion similaire pour un coût moindre", recommande Guillaume Lucchini. Attention toutefois à la fourchette d’actions que ces fonds peuvent détenir : certains disposent d’une grande liberté d’action quand d’autres ont une approche plus patrimoniale, avec un plafond limité à 40 ou 50 % d’actions par exemple.
Une autre possibilité consiste à établir soi-même une grille d’investissement à partir du fonds en euros et d’une poignée d’unités de comptes du contrat, idéalement des ETF. Le plus difficile consiste à diversifier correctement cette allocation, mais de nombreux courtiers fournissent des suggestions à leurs clients. Ensuite, il suffit de se montrer discipliné et de réaliser des arbitrages réguliers (une fois par trimestre ou par semestre suffit) pour ajuster les pondérations. En effet, si un support progresse beaucoup plus qu’un autre, sa proportion dans le total va croître considérablement, augmentant la concentration de l’épargne sur un marché. En rétablissant régulièrement l’allocation initiale, vous écrêtez les plus-values et réinvestissez à moindre prix dans les fonds qui sous-performent. "C’est une bonne manière d’optimiser son rendement", estime Cyrille Chartier-Kastler.
Attention : si vous comptez sur votre assurance-vie pour vous procurer des revenus complémentaires une fois à la retraite, il faudra penser à sécuriser vos investissements à l’approche de la date fatidique. La gestion pilotée prévoyant rarement une telle démarche, il vous faudra dans tous les cas reprendre la main sur votre contrat pour procéder aux arbitrages nécessaires.

il y a 2 hour
1











English (US) ·